Pollution de l’environnement
Partout dans le monde, des milliers de
produits chimiques constituent un risque pour les populations et les
écosystèmes.
13 décembre 2010
Les polluants environnementaux de tous
genres contaminent l’eau, l’air et la terre, mettant en péril la vie humaine et
les écosystèmes. De plus, ils sont souvent sources de conflit entre populations
et industrie. En adoptant une approche écosystémique globale pour examiner les
intérêts divergents et leurs conséquences, les approches écosanté s’efforcent
de protéger la santé tout en assurant un équilibre entre les besoins des divers
intervenants et la préservation de l’écosystème.
Le défi
Partout dans le monde, des milliers de
produits chimiques constituent un risque pour les populations et les
écosystèmes. Les populations des pays en développement sont particulièrement
vulnérables, car elles sont géneralement mal informées. Souvent, leurs pays ne
disposent pas de réglementation adéquate et ont peu de ressources pour
appliquer celle existente. De plus, des obstacles empêchent leur accès à des
technologies « plus propres ». Les gens n’ont pas beaucoup de moyens de se
protéger et n’ont pas voix au chapitre dans le débat politique.
Les moyens de subsistance des
collectivités et le bien-être des pays sont essentiellement tributaires du
développement économique. Toutefois, celui-ci constitue souvent une source de
pollution environnementale nuisible, tout comme les activités quotidiennes que
sont la cuisine, le chauffage, le transport. Cette pollution touche
particulièrement les défavorisés.
Les êtres humains font les frais de ces
polluants sur plusieurs plans : torts directs causés à la santé, à savoir
cancer, déficience neurologique et autres maux, puis, contamination de la
chaîne alimentaire et incapacité des écosystèmes à absorber les déchets et à
fournir les nécessités vitales. Les solutions à ces problèmes complexes et
pressants exigent des approches novatrices, souples et concrètes.
Les réalisations
Le Centre de recherches pour le
développement international (CRDI) relève le défi et appuie la recherche et les
réseaux d’experts en écosanté afin de concevoir des solutions durables à la
pollution de l’environnement. Les projets d’écosanté permettent de produire des
connaissances scientifiques solides, de renforcer les capacités des
collectivités et des chercheurs locaux et d’influencer les politiques en vue
d’améliorer réellement la santé humaine et de protéger les collectivités des
pays en développement contre la pollution de l’environnement. Des projets au
Mexique, en Équateur et en Inde témoignent de telles réalisations.
Produire des connaissances
Dans les pays en développement, des
chercheurs appuyés par le CRDI appliquent avec succès les approches écosanté
pour produire des connaissances relatives à bon nombre d’enjeux liés à la
pollution de l’environnement.
Les liens entre la pollution due au
manganèse et les problèmes neurologiques au Mexique
Dans le district de Molango, au Mexique,
on exploite les riches dépôts naturels de manganèse depuis 1960. Les relations
entre la compagnie minière et les collectivités avoisinantes se sont
progressivement détériorées. En effet, les gens ont constaté une baisse de rendement
de leur production agricole, leur moyen de subsistance traditionnel, et l’ont
attribuée à la poussière et à la fumée émanant des mines. Beaucoup de familles
tenaient la compagnie minière responsable de la pollution environnementale et
de leurs problèmes de santé.
En 2002, des chercheurs en écosanté ont
entrepris d’étudier le transport du manganèse par différentes composantes de
l’écosystème et ses répercussions sur la santé humaine. Ils ont démontré que
l’exposition au manganèse provoquait des déficiences motrices chez les adultes,
en particulier chez les femmes. Ils ont découverts que l’air contaminé, plutôt
que l’eau ou les aliments contaminés, était la principale source d’exposition.
Ils ont suivi la trajectoire du manganèse transporté par le vent et la
poussière depuis les cheminées d’usine et les trajets des camions jusque dans
les maisons. Il a aussi été constaté que les enfants risquaient de souffrir de
problèmes du système nerveux. Les résultats de la recherche ont entraîné des
changements de politiques que l’on expliquera ci-après.
L’exploitation minière au service du
savoir en Équateur
Dans le bassin du fleuve Puyango, en
Équateur, l’extraction aurifère artisanale est monnaie courante. Mais la
technologie rudimentaire et le manque de réglementation rendent les activités
inefficaces et dangereuses. De plus, cette exploitation pollue l’environnement
et met la population à risque.
La purification du minerai aurifère
dégage plusieurs métaux lourds toxiques. Les chercheurs ont d’abord documenté
l’exposition à ces deux métaux des populations vivant en amont et en aval des
exploitations. Ils s’attendaient à ce que les populations en aval soient
exposées au mercure libéré par les activités minières en amont, car elles
consommaient du poisson présumément contaminé par les métaux lourds. Selon une
recherche antérieure appuyée par le CRDI au bord de l’Amazone, l’érosion
provoquée par la déforestation dégage le mercure contenu naturellement dans le
sol; il est ensuite lessivé dans le fleuve, se transforme en méthylmercure
toxique et s’accumule dans la chaîne alimentaire aquatique. Mais ce phénomène
n’a pas été observé le long du Puyango. Le mercure affectait plutôt les
travailleurs des usines de traitement du minerai aurifère en amont, à cause des
procédés d’amalgame et de combustion.
Les chercheurs ont de plus trouvé que la
consommation d’eau et de poisson était associée à des troubles du système
nerveux et d’apprentissage qui pourraient être dus à la contamination par le
plomb et le manganèse plutôt que celle par le mercure. D’autres sources
d’exposition au plomb ont été cernées par l’étude. Les industries se sont
révélées être une source d’exposition pour les travailleurs, alors que les
casseroles utilisées par les collectivités en amont et en aval en seraient une
autre en raison des alliages métalliques contenant du plomb.
Les résultats de la recherche ont prouvé
que la pollution du bassin du Puyango par les métaux lourds provenait de
l’extraction aurifère en amont. Les collectivités ont utilisé ces résultats
pour exiger des décideurs qu’ils réagissent.
Les propriétaires de carrières de pierre
en Inde s’emploient à améliorer le milieu de vie
Dans l’État du Madhya Pradesh, en Inde,
l’extraction et le broyage de la pierre fournissent des revenus supplémentaires
essentiels aux agriculteurs locaux. Mais, poussière, bruit et danger
accompagnent ce travail, et les maladies respiratoires, les problèmes auditifs
et les blessures sont le lot commun des travailleurs. Leurs collectivités aussi
souffrent de la poussière et du bruit, en plus d’une mauvaise alimentation
chronique et d’un manque d’accès aux services de santé.
De concert avec les intervenants, des
chercheurs en écosanté ont évalué les risques sanitaires et mis au point des
solutions. Ils ont renforcé les capacités des prestataires de soins de santé
communautaires de diagnostiquer et surveiller les maladies respiratoires. La
formation et l’équipement reçus ont ainsi permis au personnel médical de se
rapprocher de la collectivité. Les propriétaires de l’usine ont également
accepté d’utiliser la technique de réduction de la poussière conçue par
l’équipe de projet.
Comme les propriétaires des carrières,
les membres des collectivités, les professionnels de la santé, les groupes de
jeunes, les organismes de réglementation, et même les responsables des
politiques ont tous participé au processus, il est fort probable que les
incidences du projet soient durables et aient d’autres retombées positives
indirectes à l’avenir, estime Kalpana Balakrishan, qui a codirigé la recherche
avec Vijaya Lakshmi.
Renforcer les capacités
Le CRDI s’efforce de renforcer les
capacités des chercheurs et des organismes locaux afin de produire des
résultats significatifs et de favoriser l’excellence en recherche. Les
activités de recherche en écosanté visent aussi à donner aux collectivités les
moyens de prendre en main leur santé et leur environnement.
Une communauté de pratique prend de
l’ampleur en Amérique latine et dans les Caraïbes
Composée à ses débuts, en 2006, de 13
scientifiques provenant de six pays, la communauté de pratique en écosanté
visant à réduire l’exposition aux substances toxiques en Amérique latine et
dans les Caraïbes (CPE–ALC) regroupait en 2007 plus de 120 membres provenant de
25 pays, répartis en cinq cellules. Chaque cellule mène ses propres activités
de recherche et programmes de sensibilisation. Un groupe de coordination
favorise les échanges entre les différentes régions et assure la gestion
générale de l’organisation. La CPE–ALC collabore avec la communauté de pratique
du Canada, mettant en commun les connaissances techniques et stratégiques.
Afin de consolider ses capacités de
recherche en écosanté, la communauté de pratique met en commun connaissances et
techniques dans le cadre d’ateliers, de conférences, et même d’une école d’été
axée sur l’écosanté au Mexique.
Demande accrue de cours en écosanté au
Mexique
Depuis 2002, grâce au soutien du CRDI,
l’Institut national de santé publique (INSP) du Mexique offre une formation
d’été axée sur les écosystèmes et la santé humaine. Les cours se veulent
dynamiques. Des conférenciers invités provenant de partout sur le continent y
ont participé. En 2007, l’école a reçu plus de 70 demandes pour combler les 20
places disponibles. Les organisateurs du cours sont convaincus que cette forte
demande est due à l’influence croissante de la CPE–ALC, la communauté de
pratique de la région.
Influer sur les politiques
L’influence sur les politiques permet de
transformer les nouvelles connaissances en changement durable. Les approches
écosanté encouragent l’engagement continu des décideurs dans le processus de
recherche, ce qui favorise cette transformation.
Des plans conjoints pour réduire les
émissions au Mexique
Dans le district de Molango, l’équipe de
recherche sur le manganèse et les collectivités à l’étude collaborent avec
l’État et les autorités sanitaires afin de réduire l’exposition et ses
incidences sur la santé. Le plan prévoit: le pavage des routes afin d’empêcher
l’utilisation inappropriée du minerai résiduel pour refaire les routes locales;
l’élaboration de stratégies visant à éliminer la poussière dans les maisons;
l’établissement de normes nationales sévères relatives à la pollution de l’air
par le manganèse; enfin, des programmes de suivi en vue d’assurer la
conformité.
Éliminer le plomb en Équateur
De concert avec l’administration
municipale et les leaders communautaires, les chercheurs ont élaboré des
politiques et un plan d’action visant à réduire la pollution du fleuve Puyango
en amont et l’exposition de la population en aval.
Les municipalités de Zaruma et de
Portovelo en amont intègrent désormais la gestion de l’environnement et de la
santé à leurs plans stratégiques. Dans les deux municipalités, l’équipe de
recherche a également collaboré avec les leaders communautaires et les
intervenants afin d’accroître la sensibilisation à l’environnement. Plusieurs
initiatives communautaires ont donné lieu à la création de clubs de jeunes
voués à l’écologie. Deux collectivités isolées en aval ont commencé à utiliser
des filtres à sable pour réduire les taux de contamination chimique et
biologique de l’eau. Une autre collectivité dispose maintenant d’une usine de
traitement des eaux. De plus, le gouvernement de l’Équateur s’est senti pressé
de nettoyer les segments contaminés du fleuve avant d’entreprendre,
conjointement avec le Pérou, la construction d’un barrage qui approvisionnerait
les agriculteurs en eau.
L’écosanté et les enjeux futurs
La croissance économique mondiale
favorise l’industrialisation rapide de la plupart des pays en développement. La
production mondiale de polluants environnementaux continuera de croître aussi
longtemps qu’augmentera la demande d’aliments et de biens de consommation. Les
changements climatiques exerceront davantage de pressions sur les écosystèmes
que la pollution de l’environnement fragilise déjà. Ces forces de grande
échelle produisent des conditions qui restreignent les choix des ménages
pauvres des pays en développement relativement à l’alimentation, aux moyens de
subsistance et à la santé. La recherche en écosanté contribue à définir des
moyens durables d’équilibrer les choix économiques et environnementaux tout en
s’efforçant de protéger la santé humaine.
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